Les philosophies indiennes


On dénombre 9 systèmes philosophiques (les darshanas). 6 sont classés comme « âstikya » : ils reconnaissent l’autorité des Védas. Ce sont les philosophies Mîmâmsâ, Vedânta, Nyâya, Vaïshéshika, Sâmkhya et Yoga. 3 autres systèmes sont « nâstikya » : ils rejettent l’autorité des Védas, ils ne s’en inspirent pas. Ce sont les philosophies Jaïn, Bouddhiste et Chârvâk. Elles développent leurs propres arguments et sont respectées au même titre que les autres.

Nous avons tendance naturellement à chercher le bonheur à l’aide des organes des sens qui orientent notre recherche vers l’extérieur. Pour les philosophes indiens, le bonheur est intérieur et l’objectif des philosophies consiste à éliminer la souffrance en proposant des moyens pour amener l’être humain au bonheur. Ce n’est pas seulement un sujet d’étude qui mène à des théories, les philosophies nécessitent d’être pratiquées, expérimentées.

Certaines philosophies croient en Dieu, d’autres n’y croient pas, d’autres encore n’en parlent pas. De même pour l’existence de l’âme, certaines philosophies l’admettent, d’autres la nient, d’autres ne se prononcent pas. Bouddha n’a jamais répondu à la question et ce silence a été interprété soit comme une acceptation de l’âme, soit comme le signe de son inexistence. Ceci a fait naitre deux branches du bouddhisme.

Excepté la philosophie Chârvâk, les 8 autres croient aux qualités divines que chacun possède et qu’il faut développer pour atteindre la réalité ultime, le bonheur suprême.

Reste une totale liberté de pensée. Les philosophies doivent montrer la voie pour atteindre la vérité.


L'évolution des philosophies

Toutes les philosophies se sont développées suite à l’écriture des synthèses des Védas. Les différences d’interprétation des textes sont à l’origine des systèmes philosophiques. Au fil du temps, la pensée des philosophes a changé et des débats publics sont apparus. Les philosophes venaient présenter leurs arguments et quand l’un n’avait pas de réponse pour défendre sa cause, il acceptait le point de vue de l’autre. Un nouveau courant philosophique s’installait dans la société, généralement l’ancien était abandonné. Il s’agissait d’une conclusion logique non basée sur l’intérêt d’une personne mais sur celui de toute la société.

Parfois les changements faisaient suite à des dérives ou à des exagérations dans les pratiques. Par exemple dans l’école de la bhakti yoga, le yoga de la dévotion, les adeptes font des offrandes à leurs idoles ou à Dieu. A une époque, petit à petit, les prêtres ont commencé à offrir de la viande et les sacrifices d’animaux sont apparus. La philosophie réelle avait été oubliée. Bouddha est arrivé en prêchant la non-violence et les sacrifices d’animaux ont cessé. L’Inde est devenue bouddhiste mais après plus de 1000 ans, le bouddhisme a commencé à souffrir des mêmes faiblesses. Viandes, poissons, alcools étaient utilisés pour les offrandes et sous prétexte du Tantra, il n’y avait plus que des pratiques sexuelles. C’est alors que Shankarâcharya est arrivé, il a remplacé les offrandes par du riz, des fleurs, des laitages, en étant très ferme : le vrai sens du sacrifice est intérieur ! Il a réformé considérablement les pratiques de l’époque. Il a repoussé le bouddhisme de l’Inde en favorisant le retour à l’hindouisme, il est revenu à la source de la tradition philosophique hindoue. Il est l’un des fondateurs de l’école de l’Advaita Védanta. Il est considéré comme l’un des plus grands maîtres spirituels de l’hindouisme, réformateur et commentateur des textes liés aux Védas. Depuis son apparition aucun changement de système n’est apparu en Inde. Le bouddhisme a continué hors des frontières de l’Inde et les pratiques ont été épurées.


Les points communs entre les systèmes philosophiques

  • L'apparition suite à une nécessité sociale. Chaque fois qu’une philosophie ne satisfaisait plus la société, une nouvelle faisait son apparition. Les philosophies sont nées de besoins et non de désirs.

  • L'objectif d'éliminer la souffrance et l'acceptation des quatre nobles vérités :

    1. L’existence de la souffrance : reconnaître que personne n’est complètement heureux.

    2. Les raisons de ces souffrances : les philosophies proposent les causes de souffrance.

    3. L’extinction de la souffrance : croire qu’il est possible de l’éliminer.

    4. La voie pour éliminer la souffrance : les philosophies proposent une voie de façon pratique.

  • La constatation que le mental est le problème. Il n’y a rien de mauvais dans le mental, c’est le mental lui-même qui est le problème. Les philosophies enseignent comment aller au-delà, il ne faut pas essayer de le combattre. La cause de la souffrance est le manque de conscience des choses, causé par le mental.

  • Le besoin de rendre l'esprit calme, de canaliser le comportement du « chitta ». Le chitta regroupe le mental, l’intelligence et l’égo. Les méthodes pour canaliser les comportements diffèrent. Les philosophies insistent sur la nécessité de développer le contrôle de soi par une discipline pour soi-même non imposée de l’extérieur.

  • Sauf la philosophie Chârvâk, les autres croient en la loi du karma : l'action et le résultat de l'action, la loi de cause à effet. On récolte le résultat de nos actions passées et si nous sommes conscients de nos actions présentes, nous pouvons nous libérer des karmas futurs.


Bibliographie : "Le Yoga, Art de vivre et science de l'expérience", l'enseignement de Sri O.P. Tiwari.